jeudi 19 août 2021

Travailler avec le chamane en Mongolie : découvrir les étapes qui enclenchent le processus de guérison - Corine Sombrun


Je suis en train de découvrir les livres de Corine Sombrun qui raconte son parcours en tant que chamane. A travers plusieurs rencontres et expériences qu'elle va vivre, elle nous raconte comment se met en route le processus de guérison de ceux qui viennent demander de l'aide au chaman, en Mongolie. Nous comprenons mieux comment les rituels créent ainsi une dynamique qui va agir sur le "mal".

"Avant la cérémonie, le chamane discute avec la personne venue le consulter, elle lui raconte sa vie et pourquoi elle est venue le voir. C'est un peu le travail d'un psychologue. Premier intérêt du rituel. (...)

Le chamane fabrique ensuite un ongot* censé représenter le problème du consultant. Ce problème, jusque-là abstrait, devient donc concret. Il est là, devant lui. Il peut le toucher et ainsi psychologiquement mieux l'éliminer. Deuxième intérêt du rituel.

Puis le chamane met le "problème" sur l'autel de la cérémonie. Il dit au consultant que si son problème est là, devant lui, c'est qu'il a fait une erreur dans sa vie et vexé un esprit. Pour calmer l'esprit mécontent, il va devoir lui faire des offrandes. Or ce geste, en permettant au consultant de réaliser qu'il peut lui-même faire quelque chose pour guérir, va le faire passer de statut de victime du problème à celui d'acteur de sa guérison. Sa vision de lui-même, de ses capacités, va donc commencer à évoluer. Troisième intérêt du rituel. (...)

Après avoir donné des offrandes, le consultant demande à l'esprit de bien vouloir lui pardonner. Mais ce n'est pas l'esprit qui va pardonner. C'est lui qui, "en payant" sa dette avec les offrandes, va se pardonner ce qu'inconsciemment il se reproche d'avoir fait. Quatrième intérêt psychologique du rituel.

Le chamane enfile ensuite le costume de cérémonie. Ce costume, en lui conférant un statut de messager des esprits, de "surhumain", va permettre au consultant d'avoir d'avantage confiance en lui. Ici on dirait, plus une personne a confiance en son thérapeute, plus elle a de chance de guérir. Cinquième intérêt psychologique...

Puis le chamane demande aux esprits la raison de l'existence du problème. Donc ce que le consultant, ou l'un de ses ancêtres (ce qui serait déjà une notion de la psychogénéalogie dont la théorie et l'étude clinique ne remontent en occident  qu'à seulement une cinquante d'années), a fait pour les vexer. Les raisons données par les esprits au chamane peuvent être très surprenantes. Genre : "Tu as fait trois fois le tour de la ger*", ou : "Ton ancêtre a mangé la viande d'un animal volé..."
Mais peu importe que cette raison paraisse sérieuse ou pas, parce que sa fonction "réparatrice" réside uniquement dans le fait de donner au consultant l'acte d'identification du problème, donc de diagnostic nécessaire au processus de réparation. Sixième intérêt du rituel.

Avant-dernière étape, le chamane "purifie" l'ongot représentant le problème. Or, en le purifiant, il élimine son "pouvoir" néfaste pour le transformer en un nouvel allié de la personne. Le processus de reprise de confiance est du coup renforcé. septième intérêt.

Dernière étape de la cérémonie, le chamane donne au consultant des gris gris protecteurs pour lui et sa maison, ce qui va encore renforcer le processus de reprise de confiance. Huitième intérêt.

*ongot : morceau de tissu blanc sur lequel le consultant écrit son problème et qui sera accroché au costume du chamane

* ger : yourte 


Source :  Les tribulations d'une chamane à Paris p. 144 à 145

Corine Sombrun


* source photo : Source photo : https://laetitiamerli.wordpress.com/2017/11/01/deroule-du-voyage/




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